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Le blog de:  azizsalaheddine@hotmail.com

Les réflexions privées du Fk’ih Si Elayachi

5 Janvier 2009 , Rédigé par saladin Publié dans #Histoire et socièté

Les réflexions privées du Fk’ih Si Elayachi Par M. Lahsini Belmaâti mlahsini_belmaati@yahoo.fr
F k’ih Si Alayachi, c’est Moulay
Ismaïl qui est à l’origine
de La Garde Noire?
Tu veux dire les «Abides Alboukhari
» qui prêtaient allégeance à
Moulay Ismaïl en jurant sur Sahih Alboukahri,
collection des traditions du Prophète
Mohammed. Il avait établie cette armée,
composée de 150.000 esclaves et de noirs
libres, pour ne pas dépendre des loyautés
locales, pour établir l’ordre et pour s’assurer
l’entrée des taxes dans tout le pays.
Les Abides, dès leur enfance, sont entraînés
comme cavaliers, maçons et enfin comme
soldats. Ce seront eux, beaucoup plus que
les prisonniers européens, qui construiront
la plupart des Kasbahs, des forteresses, des
palais et des medersas (écoles) et reconstruiront
le port, la Kasbah et les remparts
de Tanger. Mly Ismaïl établira de nouvelles
Kasbahs le long de la frontière avec l’Algérie
contre les menaces turques, puis dans le
Moyen Atlas et à Oujda. Au Sud il continuera
même dans le désert du Sahara en
1685.
Il choisira Meknès, la petite ville mérinide,
comme sa capitale, qu’il embellira de monuments
et de palais qui ne laisseraient rien
à envier au palais de Versailles de Louis
XIV en France.
Il chassera les Espagnols de Mahdia en
1681, de Larache en 1689 et de Asilah en
1691. Dans le but de s’allier avec la France
contre les Habsbourg d’Espagne, il essaiera
de négocier un traité d’alliance avec Louis
XIV, mais la succession d’un Bourbon,
parent de Louis XIV, sur le trône de l’Espagne
fera échouer ce plan. Ceci rendra
plus intéressant de chercher une alliance
avec l’Angleterre.
En 1721 Moulay Ismaïl signera un traité
commercial avec l’Angleterre, premier partenaire
commercial du Maroc. L’une des
simples clauses administratives de ce traité,
celle de laisser la responsabilité des sujets
anglais à l’autorité du Consul anglais, va se
montrer dommageable à la souveraineté du
Maroc, notamment le système des protégés
au 19eme siècle et du protectorat au
20eme siècle
Sa succession sera difficile, n’est
ce pas Fk’ih Si Alayachi ?
Apres la mort de Moulay Ismaël, 30 ans de
guerres successorales affaibliront le Maroc.
C’est Moulay Mohammed Ben Abdellah
qui, entre 1757 et 1790, fera régner le calme
et reprendra Mazagan (Aljadida d’aujourd-
’hui) en 1769 aux Portugais.
En poursuivant les corsaires marocains sur
la côte atlantique, les navires français bombardent
Salé et Larache en 1765.
Moulay Mohammed Ben Abdellah équipera
Dar Elbayda (Casablanca) et fondera
Essaouira (Mogador) en 1764 pour attirer
le commerce international. Ce commerce
entraînera avec lui la corruption des douanes,
certaines nations étrangères se prenaient
plusieurs libertés dans les ports.
L’Angleterre ayant établi des liens commerciaux
avec certains grands commerçants de
Tanger et de Tétouan qui ravitaillaient
Gibraltar, se voit privilégiée dans cette zone
jusqu’à la signature du Protectorat au
20eme siècle
Fk’ih Si Alayachi, la colonisation
de l’Algérie par la France va révéler
notre vulnérabilité!
Oui, la France ayant pris Alger en 1830,
Mly Abderrahman (1822 à 1859) plus
soucieux de conserver l’indépendance du
Maroc et mesurant bien les capacités militaires
de la France ne répondra pas aux
appels de secours des habitants de Tlemcen.
Quoique le Maroc soit resté neutre, les
Marocains eux acheminaient des caravanes
de chevaux, de mulets, vivres, argent et
divers matériel de guerre en solidarité avec
leurs coreligionnaires d’Algérie.
La marine française bombardera Tanger et
Essaouira en août 1844 et la défaite d’Isly
des troupes marocaines de la même année
vont montrer à quel point la souveraineté
du Maroc était en danger. Les Français
démantèlent les fortifications de Tanger et
le traité de Tanger du 10 septembre 1844
déclarait l’ouverture des ports de Larache,
d’El Jadida et de Casablanca aux commerçants
français.
La crise financière
Fk’ih Si Alayachi, cette colonisation
de l’Algérie va coûter cher au
Marocains.
Encouragée par cet affaiblissent du Maroc,
l’Espagne s’empare en 1848 des Iles Chafarinas.
En 1859, exploitant un incident sur
les bordures de l’enclave de Melilla, elle
engagera sa «guerre d’Afrique» et mettra
deux ans pour occuper Tétouan. En plus
d’un élargissement des enclaves de Ceuta et
de Melilla, puis la cession de Santa Cruz de
Mar Pequeña (Ifni) au sud du Maroc, l’Espagne
exigeait, pour abandonner Tétouan,
une rançon d’un million de Pesetas.
Moulay Abderrahman meurt en 1859 et
son fils Mohammed IV devra s’endetter
pour la payer et pour reformer l’armée. Son
fils Hassan I, qui lui succède en 1873,
continuera la reforme de l’armée avec des
armes achetées surtout en France et en
Angleterre. Il engagera un Anglais, Harry
Mc Lean, comme Qaid pour entraîner la
nouvelle armée. Le gouvernement Français
enverra une mission militaire pour entraîner
les artilleurs marocains. Les troupes
allemandes fournissaient le matériel pour
garder les côtes. L’armée marocaine était
aussi fragmentée qu’onéreuse au trésor
public.
C’est, Fk’ih Si Alayachi, aussi la
ruine des artisans marocains!
Oui, l’intrusion des produits de masse européens
va ruiner les petits artisans qui de
ce fait ne pouvaient plus payer leurs taxes.
Les plus entreprenants des marchands marocains
devenaient agents des distributeurs
européens et fournisseurs de matières premières
aux marchés européens,
ce qui renchérissait
les denrées alimentaires
pour le peuple marocain.
Pour éviter de payer des
taxes, ces commerçants se
faisaient les protégés des
consulats étrangers. Le
traité commercial signé
par le Maroc en 1844 avec
la France réduisait les
droits de douanes et donc
les entrées dans les caisses
de l’état. Puis le traité de
Madrid en 1861 avec l’Espagne
octroyait aux Espagnols
les mêmes privilèges que les Anglais.
Ces changements poussaient encore plus
vers la ruine de l’économie du pays.
Moulay Abdelaziz et l’Acte
d’Algeciras
Hassan I meurt en 1894 et est succédé par
son fils Moulay Abdelaziz, âgé de 12 ans,
qui sera assisté par le chambellan Ba Ahmed
comme grand Wazir (premier ministre).
Ba Ahmad, en emprisonnant la plupart
des responsables du Makhzen pour avoir
refusé le jeune Abdelaziz, devra se débrouiller
contre les Européens et leurs
agents avec une administration sans beaucoup
d’expérience des affaires internationales.
Cela accroîtra l’influence des Européens
sur l’administration marocaine avec
un coût financier encore pire que sous Hassan
I.
La défection vers les devises étrangères,
couplée avec les importations en augmentation,
doublait les dépenses de l’état. Les
interventions européennes s’accroissent
surtout à Tanger qui deviendra le refuge
des riches Européens. Le corps diplomatique
prendra soin des services d’hygiène, de
sécurité, des eaux et de l’électricité à un prix
volontairement gonflé à la charge du Makhzen,
au profit flagrant des consuls et de
leurs agents. Abdelaziz, dans un effort de
modernisation, s’endettera encore plus
pour financer les installations portuaires, les
ponts, les postes et les télégraphes ainsi
qu’une nouvelle administration et une reforme
fiscale.
En 1901 le Makhzen, ruiné, devra chercher
de nouveaux emprunts chez les banques
européennes. Pendant que les finances marocaines
tombaient entre les mains des
financiers, les gouvernements européens se
mettaient d’accord pour reconnaître la
mainmise de la France sur le Maroc, et
reconnaissaient les «droits» de l’Espagne
sur les côtes du Sahara et celle du Nord du
Maroc.
L’Entente Cordiale sur le Maroc entre la
France, l’Angleterre et la Russie, en 1904,
dirigée surtout contre l’Allemagne, amènera
Kaiser Willem II en 1905 à faire escale à
Tanger déclarant son attachement à l’amitié
marocco-allemande et à l’indépendance du
Maroc. Il exigera une conférence internationale
pour résoudre «la question marocaine
».
Au lieu de garantir l’indépendance du Maroc,
à cette conférence tenue à Algesiras en
janvier 1906, les allemands désistent et
donnent leur consentement pour laisser aux
Français le droit de «maintenir l’ordre, la
paix et la prospérité au Maroc» et de préserver
la souveraineté et l’intégrité territoriale
des dominions du Sultan. En fait cela
signifiera que le Maroc sera mis sous administration
française qui aura le control des
douanes, de la Bank Al Makhzen (la banque
centrale) et de la police. Le Sultan signe
le 18 juin 1906.
Les révoltes qui s’ensuivent, les appels au
Jihad, la dévastation des récoltes agricoles
par les sauterelles et la sècheresse en 1907,
enverront plusieurs paysans vers les villes.
Les populations de Casablanca attaquent
les installations portuaires que les Français
dirigeaient. Casablanca sera bombardée et
occupée par les troupes françaises. Celles-ci
occupent Oujda pour venger l’assassinat
d’un français à Marrakech. Les Rehamna
près de Marrakech et La Chaouiya se révoltent
et proclament, avec à leur tête Madani
Elglaoui, en 1907, Moulay Hafid, le frère
aîné de Moulay Abdelaziz, comme nouveau
sultan du Maroc.
Moulay Hafid et le protectorat
Moulay Hafid est proclamé sous condition
d’expulser tous les étrangers du Maroc,
mais les puissances européennes contrôlant
les douanes et les finances marocaines,
refusent de le reconnaître avant qu’il signe
l’acte d’Algeciras, ce qu’il acceptera en
1908. Cela lui vaudra la colère des oulémas
et il devient encore moins populaire.
Un mouvement constitutionaliste fait circuler
une proposition constitutionnelle en
1908 puis en 1910 dans un journal de Tanger
«Lissane Al Maghrib», qui exigeait les
libertés privées, le droit à la propriété privée
et à l’éducation primaire obligatoire de
toute la population, une chambre représentative
élue au suffrage universel et un
conseil des notables responsable devant le
Sultan. Face à la situation où se trouvait le
pays, cette proposition n’avait aucune
chance d’aboutir. Avançant que l’Acte d’Algeciras
leur en donnait droit, l’armée française
interviendra à la suite d’une révolte
pour occuper Fès en mai 1911.
L’Espagne, sous prétexte de défendre ses
Victor Eeckhout - FeteTanger 1869
Maghreb Canada Express (www.maghreb-canada.ca) Vol. III N° 3 (3ième année) MARS 2005 Page 7
CHRONIQUE Les réflexions privées du Fk’ih Si Elayachi Par M. Lahsini Belmaâti mlahsini_belmaati@yahoo.fr
Tanger, le creuset des civilisations - Troisième partie (Suite et fin )
droits au Maroc, occupe Larache et Ksar
Elkebir. L’Angleterre accepte mais l’Allemagne
envoie son navire Le Panther à Agadir
pour protéger les intérêts allemands. Les
Allemands accepteront de laisser faire la
France en se voyant accorder des terres au
Congo.
Ayant déjà occupé une bonne partie du
Maroc, la France oblige Moulay Hafid à
signer le traité de Fès qui garantissait l’autorité
religieuse et séculaire du Sultan mais
plaçait tous les pouvoirs exécutifs dans les
mains des Français au sud et des Espagnols
au nord. C’est le protectorat. Les autres
puissances européennes, qui avaient régi
Tanger depuis la moitie du 19eme siècle,
exigent un système de control international
sur la zone de Tanger, tout en reconnaissant
l’autorité nominale du Sultan représenté
par son Khalifa.
Moulay Youssef et
Al Khattabi
Moulay Hafid qui ne voulait pas coopérer
avec le résident général français, Lyautey,
abdique au profit de son frère Moulay
Youssef proclamé à Fès comme le nouveau
Sultan.
Après l’abdication de Moulay Hafid, les
Sahraouis sous El Hiba, fils de Maa Alainayn,
envahissent Marrakech au nom du
Jihad contre les Français au Maroc. Il sera
suivi par d’autres caïds (gouverneurs) du
sud du Maroc.
L’armée française forcera El Hiba et ses
hommes à se retirer au Sahara et Lyautey
s’assurera la coopération de Thami Elglaoui
en le nommant pacha de Marrakech.
Les Marocains ne voulant pas se soumettre,
plusieurs Jihad locaux auront lieu à travers
le Maroc. Les Français pouvaient à peine
tenir dans quelques villes, notamment à
cause de la fragmentation de la résistance et
l’appui qu’ils recevaient d’El Glaoui au sud.
En 1923 une révolte à Taza et au Moyen
Atlas exigera l’intervention de 21.000 soldats
français dont plus de la moitié trouvera
la mort au combat. Lyautey est obligé de
se replier sur ce qu’il appellera «le Maroc
utile», les villes, alors que le reste du pays
est laissé à lui-même.
Dans la zone espagnole, l’armée espagnole
ne pouvait rien contre les Jbala dirigés par
Raisouni, au sud de Tétouan, la capitale du
protectorat espagnol. En 1919 Raisouni
mettra en déroute les troupes du général
espagnol Berenguer qui reviendra le poursuivre.
Abdelkrim Alkhattabi, disciple des salafis,
partisan des reformes sociales et religieuses,
se détermina à arrêter les avancées espagnoles.
En 1921, il fonde une petite armée
moderne qui, en juillet de la même année,
fait fuir les 4000 soldats espagnols de la
garnison d’Anoual. Au moins 13.000 soldats
espagnols, avec leur général, Silvestre,
sont massacrés par les tribus avoisinantes.
Lorsque le succès d’Abdelkrim commençait
à menacer la zone française, il était arrivé
jusqu’aux portes de Fès en juin 1925, les
gouvernements français et espagnol s’allient
contre lui. Il avait fallu deux grandes armées
modernes européennes pour forcer
Abdelkrim à déposer les armes en fin mai
1926.
Le couronnement de
Mohammed V
Apres le départ de Lyautey en 1925, le nouveau
résident général, Théodore Steeg, était
plus favorable aux colons français et trouvait
un opposant acharné chez Moulay
Youssef. Quand celui-ci meurt en 1927,
Steeg supporté par certains clients dans le
palais arrangera la succession au trône par
Sidi Mohammed, le plus jeune des enfants
de Moulay Youssef, dans la croyance qu’il
serait plus maniable.
Le dahir berbère et l’union des Marocains
En 1930 les Français essaient de faire passer
un dahir (décret) qui dispenserait les
«Berbères» des lois de la sharia.
Tous les Marocains voient en cette division
une atteinte à leur religion, une essai de
convertir une partie de la population au
Christianisme.
Le cri des nationalistes devient plus fort
quand un jeune leader, Hassan Elouazzani,
sera arrêté. Relâché en même temps que
Allal Elfassi, les deux seront reçus par Sidi
Mohammed qui, lui aussi, veut reformer la
société marocaine.
Avec d’autres leaders ils forment la Zaouiya
avec plusieurs filiales à travers le Maroc. La
Zaouiya, en 1934, publie son «Plan de Reformes
» qui exige l’expulsion des Français,
une reforme de l’administration et de la
fiscalité au Maroc. Les Français s’opposent
à l’idée d’indépendance mais réforment
l’administration pour favoriser les colons
français. En 1936, les nationalistes, sous
Allal Elfassi, Elyazidi et Hassan Elouazzani
organisent une conférence «Koutlat Al’amal
Alouatani» (le bloc de l’action nationale)
sous la Zaouiya.
Le protectorat interdit la deuxième conférence
et réprime les manifestations pro
nationalistes. En 1937 la Koutla devient
«Hizb Alouatani» (parti nationaliste) dirigé
par Allal Elfassi, Omar Abdeljalil, Mohammed
Elfassi et la femme de celui-ci, Malika.
Celle–ci, dans un article prônait l’éducation
de la femme marocaine. Le mouvement est
appuyé par les Marocains ce qui amènera le
protectorat à arrêter Allal Alfassi et l’exiler
au Gabon, alors que d’autres seront exilés
au Sahara.
La deuxième guerre mondiale
En 1939, le Sultan Sidi Mohammed, mesurant
bien le danger nazi d’Hitler, ne se
laisse pas tenter par les promesses de celuici
d’abroger le Protectorat et refuse de coopérer
avec l’Allemagne Nazie. Il appelle les
Marocains à soutenir les Français en envoyant
un contingent de 47000 Marocains.
Auparavant, au début des années 30, les
mouvements nationalistes marocains
avaient déclaré haut la marocanité des juifs
marocains et leur refus des idées antisémites.
L’installation en France du gouvernement
pro-nazi de Vichy poussera le Sultan Sidi
Mohammed à signifier son indépendance
en refusant d’approuver des lois françaises
anti-juives. En 1943, à la conférence de
Casablanca, Sidi Mohammed rencontre
F.D. Roosevelt qui n’appuyait pas la présence
française au Maroc.
L’élan indépendantiste sera canalisé par le
nouveau parti de l’indépendance «Hizb
Alistiklal» en 1944 qui soumettra au sultan
ainsi qu’aux alliés et au résident général de
France un mémorandum exigeant l’indépendance
sous un régime de monarchie
constitutionnelle. L’arrestation du secrétaire
général du parti, Ahmed Balafrej, amènera
des manifestations généralisées à travers le
pays qui seront farouchement réprimées
par le protectorat.
Le discours de Tanger
Nouvel espoir pour l’indépendance
En 1947, le Sultan apprenant que les mercenaires
français, des Sénégalais, s’étaient
livrés à des massacres de la population à
Casablanca, montrera sa colère, dans son
discours à Tanger, en insistant sur les liens
du Maroc avec le monde arabe et musulman,
exigeant l’indépendance du pays, et
contrairement au protocole, il ne remercie
pas le protectorat français pour «ses efforts
» au Maroc.
A la suite de cet «incident», Labonne, le
nouveau résident général français, plus
réceptif aux nationalistes marocains, sera
remplacé par le général Juin. Celui-ci, mû
par le désir de transformer le régime de
protectorat en un régime colonial à l’algérienne,
proposera que les colons français
puissent eux aussi faire partie des élections
municipales. Ce plan lui vaudra des manifestations
généralisées dans le pays. Le Sultan
suivra en utilisant son veto et ira à Paris,
en 1950, exposer les exigences indépendantistes
au gouvernement français. Son
retour au Maroc est triomphal.
Bras de fer entre le Sultan et le protectorat
Le Sultan toujours refusant de laisser entrer
les colons français aux conseils municipaux,
Juin encercle le palais royal à Rabat par des
troupes françaises sans réussir à lui arracher
sa signature. L’action de Juin est critiquée
par les intellectuels français, ce qui entraînera
son remplacement en août 1951 par le
général Guillaume. Le bras de fer entre le
Sultan et le protectorat continuera jusqu’en
1953 quand le protectorat fera intervenir
Abdelhay Alkettani de la Zaouiya Kettania,
et d’Elglaoui pour déposer le Sultan. Avec
sa famille, celui-ci sera exilé en Corse en
août 1953 puis à Madagascar, et sera remplacé
par Benarafa. Il deviendra le héro de
tous les Marocains qui à coup de sacrifices
et de rébellions exigeaient son retour immédiat
et l’abolition du protectorat.
C’est bientôt l’indépendance
La France qui en 1954 voit exploser la situation
en Algérie, décide de changer de
cap. Une conférence avec les nationalistes
marocains sera tenue à Paris où on se mettra
d’accord pour laisser Benarafa se retirer
à Tanger pendant qu’un conseil de régence
préparera le retour du Sultan Mohammed.
Il rentrera, le 16 novembre 1955, au Maroc
comme le grand libérateur, et prendra le
titre de Mohammed V, Roi du Maroc. L’indépendance
est proclamée à Paris le 2 mars
1956.
Les Espagnols signent à Madrid, le 7 Avril
1956, un autre accord pour abandonner le
Nord du Maroc. Tanger comme le reste du
pays verront partir plusieurs Européens.
Tarfaya, zone du protectorat espagnol, au
sud du Maroc, sera retournée au Maroc en
1958, et les Espagnols durent rendre Ifni
en 1970. En 1975, à la veille de la mort de
Franco, en Espagne, 300.000 Marocains,
appelés par Hassan II, marcheront pacifiquement
dans le Sahara dit Espagnol et
assureront le retour du Sahara à la mère
patrie.
Mohammed V meurt en 1961 et sera succédé
par son fils, Hassan II, qui régira le pays
jusqu’en juillet 1999. Celui-ci sera succédé
par son fils Mohammed VI.
Tanger
Durant tout le 19eme siècle, Tanger est la
capitale diplomatique du Maroc. Tous les
contacts avec l’étranger passaient par le
pacha de Tanger, qui avait pour fonction
d’endiguer les demandes constantes des
légations étrangères en filtrant tout ce qui
pouvait mettre en danger l’indépendance
du pays.
Un protocole est signé en 1925 par la
Grande Bretagne, la France et l’Espagne
pour assurer la sécurité dans la zone. En
1929 l’Espagne est accordée le droit de
police dans la ville qui sera placée sous le
control international. Durant la deuxième
guerre mondiale, Tanger est sous l’autorité
espagnole, mais reviendra au statut de zone
internationale en 1945.
En 1956, après la conférence de Fedalla
(Mohammedia), Tanger fait partie intégrale
du Maroc. N’ayant pas totalement perdu
son caractère international d’antan, la ville
n’est que l’ombre de son passé. Un projet
de rattacher le Maroc à partir de Tanger
avec l’Espagne et partant avec l’Europe,
aussi vieux que le canal de Suez, refait surface
de temps en temps. Quand l’économie
du Maroc aura assez d’atouts pour les investisseurs,
notamment par un fort accroissement
du trafic entre les deux continents,
le projet pourra peut-être être exécuté. Le
projet d’élargir la zone franche à Tanger est
porteur de promesses.
Y crois tu, Fk’ih Si Alayachi ?
Dieu seul le sait. Nous avons encore quelques
années à vivre pour en voir les fruits.
© M. Lahsini Belmaâti
mlahsini_belmaati@yahoo.fr
24/02/2005
http://www.maghreb-canada.ca/journal/n21_67.pdf   :    link
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