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Le blog de:  azizsalaheddine@hotmail.com

Moghreb-el-Aksa/ Cette transcription est le titre d’un livre publié à Londres en 1898.

7 Janvier 2009 , Rédigé par saladin Publié dans #Souvenirs

Moghreb-el-Aksa/
Cette transcription est le titre d’un livre publié à Londres en 1898. Ce livre est le récit de la tentative, en 1893, de Robert Bontine, alias Cunninghame-Graham, d’être le premier Chrétien à entrer dans Taroudant, ville alors réputée interdite aux koufar.
Cunningham-Graham (1852-1936), écossais, était un ami de Joseph Conrad et, comme l’auteur de « Au cœur des ténèbres » et de « Un avant-poste de la civilisation », anti-colonialiste. C’était aussi un cavalier. « Quel serait le sens du monde si les chevaux n’existaient pas ? » était en quelque sort son slogan. Ce qui ne saurait laisser les Marocains indifférents. Pour en savoir plus, à vos moteurs de recherche.
Il embarque à Tanger avec deux compagnons, Hassan Lutaif, gentleman syrien, et Mohammed es-Sawni, marin rifain (auquel le livre est dédié). D’escale en escale, ils gagnent Essawira d’où ils partent à cheval vers Taroudant. Pour commencer, escale à Casa, dédiée à nancy et aux casawi.

"A Casablanca, que les Arabes appellent Dar al Baida, c’est-à-dire la Maison Blanche, les chérifs débarquèrent. Je les vis pour la dernière fois assis sur leurs bagages, à l’écart du port, adossés aux remparts, leurs yeux semblant ne rien fixer mais remarquant tout, égrenant leurs chapelets et attendant patiemment, sous le soleil et les mouches, que leurs serviteurs reviennent pour les conduire aux logements préparés pour les personnes de leur qualité. De toutes les villes de la côte marocaine, Dar al Baida est la plus active, son arrière-pays est fertile et produit beaucoup de blé, les tribus y sont prospères et les meilleurs chevaux du pays viennent des districts Abda et Doukkala, à quelques lieues de la ville.
Naturellement, les consuls y pullulent comme les hyènes — c’est-à-dire hors de la ville — et comme elles, ils sont inoffensifs et ne font pas grand-chose, sauf le consul des Etats-Unis, mon ami le capitaine Cobb. Si ma mémoire ne me trahit pas, il a échoué son brick il y a une trentaine d’année sur une plage des environs, il a aimé le climat, naturellement il est devenu consul et n’est à ce jour jamais retourné dans sa famille affligée, à Portland, Maine.
La tradition rapporte qu’en trente ans il n’a appris qu’un seul mot d’arabe, Balak (attention !) qu’il prononce « balaaker », et cependant il tient de longues conversations en arabe et les auditeurs paraissent contents de leur sort. De tous les attraits de la ville, aucun ne m’a retenu ; ce qui m’a le plus intéressé, ce sont les campagnards, armés jusqu’aux dents, des fusils de six pieds de long balançant à leurs selles, marchandant à cheval devant les boutiques comme j’ai vu les gauchos le faire en ville, leurs montures baissant la tête et semblant dormir à moitié, les cavaliers passant une jambe autour du pommeau de la selle, aussi confortablement assis que dans un fauteuil. Dans une barque à la poupe du vapeur et sur le port, nous croisons un groupe de Juifs qui se purifient pour une fête. Lutaif tient pour une plaisanterie que les Juifs souillent la mer, que n’importe quelle blague est assez bonne pour tourmenter le Juif, et que les Arabes, qui diront la même chose d’un Chrétien dans le dos celui-ci, riront franchement d’un Chrétien prenant leur parti contre un Juif."

Nota : Le texte traduit est celui de l’édition de la Northwestern University Press (1997).
.bladi.net

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